C’est la double menace qui fait frémir l’Europe : une défaite militaire de l’Ukraine qui, combinée à une victoire politique de Donald Trump à la présidentielle et une mise en retrait des États-Unis de l’Otan, ferait peser une menace russe directe aux frontières des états de l’est du vieux continent.
« Ce que craignent les Occidentaux, notamment depuis 2014, c’est un coup de force très rapide qui mettrait tout le monde devant le fait accompli, sans que nous ayons le temps d’envoyer des renforts ni de discuter de l’emploi de l’arme nucléaire », détaille le colonel Michel Goya, historien et analyste militaire...
C’est la double menace qui fait frémir l’Europe : une défaite militaire de l’Ukraine qui, combinée à une victoire politique de Donald Trump à la présidentielle et une mise en retrait des États-Unis de l’Otan, ferait peser une menace russe directe aux frontières des états de l’est du vieux continent. « Ce que craignent les Occidentaux, notamment depuis 2014, c’est un coup de force très rapide qui mettrait tout le monde devant le fait accompli, sans que nous ayons le temps d’envoyer des renforts ni de discuter de l’emploi de l’arme nucléaire », détaille le colonel Michel Goya, historien et analyste militaire.
Si les Ukrainiens sont loin d’être battus malgré leur retrait d’Avdiivka, et l’armée russe à des années-lumière de pouvoir surgir en masse derrière aux frontières de l’Europe, la sortie de Trump sur la possibilité d’un abandon américain face à Poutine si les Européens ne payent pas résonne cependant comme un avertissement à une Europe qui ne parvient déjà pas à aider efficacement l’Ukraine.
Beaucoup d’avions, peu de munitions !
Sur le papier, il n’y a pourtant pas photo : deux millions d’hommes, 4 000 chars de bataille, 2 000 avions, 200 navires, des moyens technologiques dernier cri, les forces armées européennes réunies disposent du double des capacités russes, avec une écrasante supériorité dans les « espaces vides » : air, mer, cyber. Mais une « vraie faiblesse dans les forces terrestres », pointe Michel Goya, pour qui la capacité réelle de projection sur le théâtre d’opérations, qui prendrait « plusieurs semaines à plusieurs mois », est bien inférieure aux chiffres annoncés : « La France, qui compte plus de 200.000 hommes dans son armée professionnelle, peut déployer deux brigades, soit 15.000 soldats et quelques dizaines d’avions », déplore-t-il.
Surtout, hormis la France et le Royaume-Uni, « aucun autre pays d’Europe ne possède d’expérience du feu », rappelle l’historien militaire qui s’interroge sur la « volonté de combattre » de pays qui n’ont pas connu la guerre depuis 70 ans. « En Allemagne ou en Italie, ce serait une révolution. » Des armées occidentales qui ont perdu l’habitude des exercices communs fréquents pendant la guerre froide, et qui devraient faire sans les formidables capacités de renseignements et de coordination américaines. Même si le flux d’informations ne s’interrompait pas complètement.
En face, des Russes qui ont « la quantité, mais pas la qualité, en témoignent leurs terribles pertes au début du conflit et depuis », selon le chercheur en géopolitique et cyberdéfense Louis Duclos, mais auront « l’expérience de plusieurs années de conflit de haute intensité », pour Michel Goya.
Autre problème de taille : les munitions. Louis Duclos, qui s’appuie sur un article de la revue stratégique intelligenceonline.fr, affirme que « le manque se situe au niveau des stocks et de la capacité de production et touche la production de guerre dans son ensemble. Faire fonctionner des chars et des avions demande des révisions constantes et beaucoup de pièces détachées. Sans oublier les réparations et remplacements des matériels suite aux combats ».
Pour Michel Goya, « on serait très embêté si on devait faire la guerre au-delà de quelques semaines ». Et remonter une industrie d’armement performante « doit s’anticiper ». Pour ce faire, l’Europe pourrait compter sur la puissance de son économie, et ses 240 milliards annuels de dépenses militaires, là où la Russie en affiche 70. « Dans la réalité ce doit être le double, avec une forte disparité de pouvoir d’achat. »
Dissuasion nucléaire
Quelles mesures prendre d’urgence pour pallier la menace ? D’un point de vue politique, « ces inquiétudes légitimes quant à l’avenir de l’Otan doivent pousser à l’Europe de la défense », assène Louis Duclos. « Il faut de la volonté, ce qui manque pour l’instant », même si une certaine prise de conscience se fait jour, à l’image du chancelier allemand Olaf Scholz réclamant la création rapide d’une industrie de guerre européenne. Ou de l’annonce cette semaine des pays de l’Otan d’augmenter leur budget militaire, pour les rapprocher des 2 % de PIB réclamés par les États-Unis, qui sont eux à plus de 3 %.
Sur le plan militaire, le plus urgent serait de « positionner dans chaque pays balte une brigade équipée, pour fixer les Russes le temps que des renforts arrivent », souhaite Michel Goya. Et de continuer de pouvoir compter sur la puissance nucléaire franco-britannique, « largement suffisante pour détruire la Russie en cas d’attaque de sa part », rappelle-t-il.
La Russie n'a plus rien à faire en Europe, elle possède une industrie et toutes les matières premières nécessaires, minerais, pétrole et gaz, et commerce massivement avec la Chine et L'inde.
La seule condition qui la ferait déclarer la guerre à l'Europe serait une attaque directe de son territoire par un pays européen.
Pour ce qui concerne le moyen de réponse, on ne pourra s'attendre à une mobilisation Russe, en effet, la population Russe est de 146 millions pour 747 millions en Europe ; une guerre traditionnelle serait un échec. Par contre des frappes ciblées de type nucléaire serait la seule réponse objective à mon avis. L'illusion de croire que des opérations conventionnelles seraient le moyen de faire plier la Russie est une bévue totale, voire une projection d'une bêtise crasse ! Mais on en a vu d'autres avec Azincourt et Crécy
Henry