La Grèce a voté une loi qui permet de rendre légale la semaine de 78 h, 6 jours de travail sur 7 et la prison en cas de grève ou de blocage de l’usine.
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TRAVAIL - Le Parlement grec a récemment voté en faveur d'une nouvelle loi sur le travail, autorisant ainsi la mise en place d'une semaine de six jours et de journées d'une durée pouvant atteindre 13 heures. Cette décision a été prise en dépit des résistances exprimées par les partis d'opposition et les syndicats.
Le 22 septembre dernier, le Parlement grec a donné son aval à une loi controversée présentée par le gouvernement conservateur de Kiriakos Mitsotakis. Cette nouvelle législation autorise les entreprises de certains secteurs à instaurer une sixième journée de travail par semaine. De plus, elle offre aux travailleurs la possibilité d'occuper un second emploi à temps partiel, limité à cinq heures par jour, en parallèle de leur travail principal de huit heures quotidiennes. En d'autres termes, il est désormais envisageable de cumuler jusqu'à 13 heures de travail par jour, à l'exception de cas spécifiques où des conflits d'intérêts pourraient survenir.
Le gouvernement soutient que cette loi vise à éliminer les heures supplémentaires non déclarées et à stimuler l'emploi, mais l'opposition la qualifie de conditions de travail "inhumaines".
Le jour même, des milliers de Grecs ont pris d'assaut les rues des principales villes du pays, pour exprimer leur désaccord envers cette législation sur le travail proposée par l'exécutif. Cette manifestation faisait partie d'une grève nationale de 24 heures organisée par le syndicat des fonctionnaires, à laquelle se sont joints les travailleurs des transports en commun, les personnels hospitaliers, les enseignants et les professeurs. Une des banderoles arborées par les manifestants portait le slogan poignant : "Nous risquons de devenir des esclaves modernes."
La loi, approuvée par les 158 députés de la Nouvelle Démocratie, qui avait obtenu la majorité absolue lors des élections de juin, inclut également une disposition selon laquelle les entreprises instaurant une sixième journée de travail doivent accorder à leurs employés une majoration de 40% sur leur salaire quotidien. Le gouvernement soutient que cette mesure ne s'appliquera que dans des circonstances exceptionnelles, mais les syndicats expriment leurs inquiétudes quant à la possibilité que cela devienne la norme en raison du manque d'inspection du travail.
De plus, cette loi instaure des contrats pour les nouveaux employés de garde, qui ne seront pas soumis à un nombre d'heures fixe par contrat, mais qui devront être disponibles à leur poste lorsque l'entreprise en fera la demande, sous réserve de fournir un préavis de 24 heures.
Lambrini Christoyanni, présidente du syndicat des travailleurs du ministère de l'Agriculture, a vivement réagi en déclarant que cela ouvrait la voie à des journées de travail pouvant atteindre 13 heures par jour, et ce, jusqu'à l'âge de 74 ans.
Les syndicats expriment également des inquiétudes quant à l'impact significatif sur le droit de grève, puisque l'obstruction des entrées ou sorties des travailleurs sera désormais passible d'une peine pouvant atteindre six mois d'emprisonnement, assortie d'une amende pouvant atteindre 5.000 euros.
La récente législation grecque autorise également les entreprises à mettre fin à un contrat de travail sans préavis ni indemnité au cours de la première année d'emploi, sauf en cas d'accord contraire. Par ailleurs, elle instaure une période d'essai pouvant s'étendre jusqu'à six mois et établit des sanctions pouvant atteindre 10.500 euros en cas de non-déclaration des heures supplémentaires ou des modifications d'horaire des travailleurs par les employeurs.