Assemblée Nationale le 9 Juillet 1849 (soit environ 2 ans avant le coup d'Etat du 2 décembre 1851 par le Prince Président Louis Napoléon Bonaparte, futur empereur des Français le 2 décembre 1852) La révolte sera mâtée dès les premiers jours, 32 départements mis en "Etat de siège", 26 000 personnes sont arrêtées, 15 000 sont condamnés dont 9 530 déportées en Algérie, 239 au bagne de Cayenne. 80 députés sont bannis).
V. H. : "Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère.
Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli.
La misère, messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu’où elle est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?
Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures, j’ai presque dit pour vêtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l’hiver.
Voilà un fait. En voulez-vous d’autres ? Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n’épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l’on a constaté, après sa mort, qu’il n’avait pas mangé depuis six jours.
Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !
Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société tout entière ; que je m’en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu !
Vous n’avez rien fait, j’insiste sur ce point, tant que l’ordre matériel raffermi n’a point pour base l’ordre moral consolidé !"
M. Poujoulat interrompt Victor Hugo - "C'est une erreur profonde!!!" Ce à quoi Benoît d'Asy et le groupe néo-Bonapartiste applaudissent et de rajouter qu'elle était impossible à faire disparaître.
réponse de M. VICTOR HUGO.- "Que ceux qui ont ainsi parlé se nomment eux-mêmes, c'est leur affaire. Qu'ils aient à la tribune le courage de leurs opinions de couloirs et de commissions. Quant à moi, ce n'est pas mon rôle de révéler des noms qui se cachent. Les idées se montrent, je combats les idées; quand les hommes se montreront, je combattrai les hommes. ( Agitation. ) Messieurs, vous le savez, les choses qu'on ne dit pas tout haut sont souvent celles qui font le plus de mal. Ici les paroles publiques sont pour la foule, les paroles secrètes sont pour le vote. Eh bien, je ne veux pas, moi, de paroles secrètes quand il s'agit de l'avenir du peuple et des lois de mon pays. Les paroles secrètes, je les dévoile; les influences cachées, je les démasque; c'est mon devoir. ( L'agitation redouble. ) Je continue donc. Ceux qui parlaient ainsi ajoutaient que «faire espérer au peuple un surcroit de bien-être et une diminution de malaise, c'est promettre l'impossible; qu'il n'y a rien à faire, en un mot, que ce qui a déjà été fait par tous les gouvernements dans toutes les circonstances semblables; que tout le reste est déclamation et chimère, et que la répression suffit pour le présent et la compression pour l'avenir». ( Violents murmures.-De nombreuses interpellations sont adressées à l'orateur par des membres de la droite et du centre, parmi lesquels nous remarquons MM. Denis Benoist et de Dampierre. )
Je suis heureux, messieurs, que mes paroles aient fait éclater une telle unanimité de protestations."
Donc un discours visionnaire, - le coup d'Etat du "Prince-Président" sera validé par un plébiscite sur le projet des Réformes par le corps électoral par 7 481 000 de « oui » face à 647 000 « non ». Seuls les bulletins Oui étaient imprimés, les Non devaient être écrits à la main ; et l'on donnait le bulletin au président du bureau de vote qui le glissait lui-même dans l’urne -
Après avoir fait valider son coup d'Etat par le peuple Français a une majorité écrasante avec la méthode adéquate, il fait nommer Maréchaux de France les généraux Vaillant et Harispe le 11 décembre ; s'assurant ainsi l'armée en cas de faillite du système.
Au-delà du rôle littéraire de l'homme, Hugo s'écarte de la prouesse littéraire pour s'ériger en guetteur des Institutions que tous savent en péril, de mémoire d'hommes du XIXème on a encore le goût amer des guerres et du châtiment public, on se souvient encore de la gloire du passé et l'on voit les vestiges qu'elle auréole encore, même si les humains se déchirent ils essaient encore de s'apprécier en non se mortifier en industrie de mort. Une page se tourne, un siècle d'apprentissage et d'espoir, un siècle ou la théorie est subalterne a l'expérimentation et ou l'on sait reconnaitre les vagissements de nouveaux césars, ceux qui voudraient un destin et qui enchainent les peuples dans les fers de la fatalité, forges du festin de feu de la grande guerre, exterminatrices du sentiment d'humanité universelle. Un siècle naîtra dans les flammes pour y consumer l'esprit des siècles, de la lumière. Quel est notre part d'héritage, celle qui nous éléve ou celle qui nous abaisse, celle qui affranchit ou celle qui entrave.... vous êtes toujours libre!!!!
Ne nous croyons pas a l'écart chacun des turbulences du siècle qui nait, il saura nous rappeller et nous assigner a nos devoirs propres. L'accélération des hommes fait machiner tous les évènements de l'Histoire en un temps unique, le notre, dont nul ne pourra s' exonérer quel qu'il fût. Il n'y aura d'avenir sans conjugaison des hommes et des idées dans une projection future unanime. Il est étonnant que chacun se plaigne dans des manières de contritions flagellatoires de la ruine qui frappe a nos portes, autant laisser le malheur pénétrer nos murs, l'exhorter à nous frapper. Un pays des lumières n'en appelle qu'a ce qu'il a de meilleur, ce qui l'éléve. Clovis en son temps fit de Lutèce sa capitale, Alexandre fit d'Alexandrie le phare du monde antique, chacun su qu'une nouvelle ère commençait au travers des nouvelles cités, une nouvelle cité capitale ouverte au monde et qui est le monde, non celui du musée des idées et des touristes mais des réalisations futures!!!!! Et dire que l'on se meurt de n'avoir plus rien à penser, plus rien a espèrer, tout à craindre et rien à bâtir, enfin du moins voudrait on nous le faire croire que l'on ne s'y prendrait pas mieux. Nous valons bien mieux que ce mauvais miroir non!!!
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