France Info, la radio publique ou radio d’État, qui mise tout sur le « paraître » et pas sur le « être », incarne en quelque sorte pour la France, notre « Radio Moscou », « la voix du Kremlin », qui fut longtemps le plus important instrument de propagande au monde.
Depuis le début de la gestion de cette crise sanitaire, je crois pouvoir dire que j’ai accumulé plusieurs centaines d’heures d’écoute de France Info. Elle est pour moi une source inépuisable d’inspiration pour mes chroniques covid. En effet, chaque fois que j’allume la radio, souvent en voiture, je me retiens de l'éteindre immédiatement, tant ce média donne le « La » de la communication gouvernementale et des décisions du chef de l’État, de son Premier ministre, de son ministre Véran, de ses préfets... De retour chez moi, je capture les fichiers audios correspondants à ce qui m’a heurté, en me connectant à la « grille de programme de France Info, le replay (ici). Je lance le gratuiciel « Audacity » que vous pourrez télécharger (ici), et qui permet d’enregistrer le son du replay et de découper à loisir les bandes sonores. Puis, tel un moine tibétain, je retranscris fidèlement le texte. Une fois celui-ci, immortalisé dans un document Word, j’analyse, réagis, commente et complète par des notes le texte retranscrit. France Info et souvent le JT de France 2 de Télématin (mais la nouvelle formule convient moins bien), sont un peu le « fond de sauce » de mes chroniques…
Le 31 août 2021, je tombe sur une publicité tout à fait choquante (réécoutez cette publicité gratuite et mensongère : ici) : Après un court jingle, une voix féminine « France Info, c’est vous qui en parlez le mieux ». Voix masculine « Je n’ai qu’une radio en qui j’ai confiance. C’est France Info ». La voix féminine « France Info, merci pour votre confiance ». Une autre voix féminine avec un petit accent « Avec France Info, je me sens informée et en sécurité ». Une autre voix masculine « France Info, c’est fiable ». La première voix féminine « France Info ». Une autre voix masculine en écho « L’Info Juste [1] ».
[1] Cette pub, qui ressemble un peu à du « lavage de cerveau », est pourtant tout le contraire de la radio. Il s’agit d’une véritable imposture. L’image qu’elle veut donner est très décalée de la réalité. C’est tout le sujet de ma présente chronique.
Le lendemain, 1er septembre 2021 (se caler à 0:20 du fichier audio : ici), un jingle retentit, puis l’animateur radio prend la parole : « Ce mercredi, nous soufflons les 5 bougies du gâteau d’anniversaire de France Info en tant que média global. Non seulement radio, mais aussi chaîne de télévision, site Internet, applications mobiles. Célyne Baÿt-Darcourt, votre invitée, c’est notre patronne, la présidente de Radio France ».
Célyne Baÿt-Darcourt « Bonjour Sibyle Veil [2] »
[2] Sybile Veil est diplômée de Sciences Po Paris, titulaire d'un DEA en sciences politiques et ancienne élève de l’ENA, même promotion qu’Emmanuel Macron (2004). En 2006, elle épouse Sébastien Veil, petit-fils de Simone…Cela doit ouvrir des portes, n’est-ce pas ? (Voir son parcours sur Wikipedia : ici). Elle a été nommée par le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) le 12 avril 2018…
Sibyle Veil « Bonjour Célyne Baÿt-Darcourt »
Célyne Baÿt-Darcourt (se positionner à 0:41 du fichier audio : ici) « Le média global France Info a donc 5 ans, c’est l’alliance entre Radio France, France Télévisions, France Média Monde et l’INA, l’Institut National de l’Audiovisuel. Chacun apporte ses pierres à l’édifice. Quel bilan faites-vous de cette collaboration ? »
Sibyle Veil « Alors, avec cet anniversaire de 5 ans, c’est un succès que nous célébrons, puisque France Info est devenue en cinq ans le premier média d’information de confiance [3] et qui aujourd’hui est consulté par 28 millions de Français, que ce soit, comme vous l’avez dit, en radio, en télé, ou en numérique. C’est aussi la première plateforme d’information numérique, avec plus de 3 millions de français qui la consultent chaque jour. Et ce média de confiance, nous avons réussi à le bâtir ensemble, avec les autres médias audiovisuels publics, parce que nous partageons ensemble, je pense, une vision commune, qui est celle de l’importance de la qualité de l’information. Et on a vu dans les dix-huit mois de crise sanitaire que nous avons traversés, à quel point les fausses informations pouvaient être dangereuses [4]. On sait à quel point elles pourront aussi être dangereuses pendant la campagne qui va s’ouvrir en vue de l’élection présidentielle. Et donc, unir nos forces, pour apporter de l’information vérifiée [5], du reportage, ça me parait tout à fait essentiel. C’est beaucoup plus essentiel aujourd’hui pour les Français, que des débats, qui euh, hystérisent, qui euh, clivent encore plus les Français [6]. Et donc, on va essayer de continuer d’apporter notre différence et cette différence, ça va être de renforcer la lutte contre la désinformation, contre les fausses informations, contre les « fake-news » en France [7] ».
[3] En tapant dans le moteur de recherche Google « France Info, premier média de confiance », je tombe immédiatement sur le 33ème baromètre de confiance dans les médias, réalisé en 2021 par Kantar (ex TNS Sofres) pour le magazine La Croix (ici). Si la crédibilité de la radio (en général), avec 52%, devance d’une courte tête les autres médias (journaux 48%, télévision 42%, et Internet 28%), aucune des 46 pages du baromètre n’affiche France Info en 1ère position. « France Info, 1er média d’information de confiance », est-ce une fausse information ? Une fake-news ? Est-ce France Info, elle-même, qui se classe à la première place ? Ce sondage, réalisé auprès d’un échantillon de 1.000 personnes représentatives de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus, révèle que 63% des personnes sondées considèrent que les journalistes ne sont pas indépendants et ne résistent pas aux pressions des partis politiques et du pouvoir. 59% considèrent qu’ils ne résistent pas aux pressions de l’argent…
Comment le traitement par les médias de la crise du covid a-t-il été perçu ? 73% des sondés considèrent que trop de place a été accordée à des non spécialistes du sujet ; 66% pensent que les médias ont dramatisé les événements ; 61% que les médias ont fait trop de place à des gens qui exprimaient des positions extrêmes ; 58% que les médias ont relayé de fausses informations ; et pour 62%, les médias n’ont pas permis de réduire l’incertitude liée à la situation
[4] Qu’est-ce que c’est qu’une « fausse information dangereuse » ? Est-ce une information qui ne va pas dans le sens, embarrasse, voire-même contredit, la communication gouvernementale ? Est-ce bien cela ? Pourquoi ne pas donner quelques exemples de fausses informations ?
[5] Ça va être justement le moment d’en parler des infos vérifiées ou pas sur France Info…
[6] Veut-elle parler des débats qui n’auront jamais lieu sur France Info ?
[7] Voilà, c’est bien la radio qui veut laver plus blanc que blanc l’info covid. Elle détient un monopole !
Célyne Baÿt-Darcourt (se caler à 2:16 du fichier audio : ici) « Est-ce que France Info se positionne contrairement à une chaîne comme CNEWS, comme, pas du tout comme un média d’opinion ? Est-ce que toutes les opinions sont bonnes à entendre sur ce média France Info ? »
Sibyle Veil « La première vocation de France Info, c’est d’informer, et donc d’informer avec rigueur et avec impartialité [8].»
[8] Tout de suite, les grands mots. Définition d’impartialité : « Qualité de quelqu’un qui est impartial, de ce qui est juste, équitable ». Alors, pour y voir plus clair, définition d’impartial « Qui ne favorise pas l’un aux dépens de l’autre. Qui n’exprime aucun parti pris ». Alors, non, franchement, il n’y a pas plus partial, partisan, que France Info qui relaie inlassablement, et en toutes circonstances, la communication gouvernementale sans aucun esprit critique, sans la moindre réserve, et sans jamais rien vérifier contrairement à ce qu’elle affirme !
Sibyle Veil, poursuit son propos (se placer à 2:33 du fichier audio : ici) « Ce qu’on apporte, ce ne sont pas des opinions. C’est de l’expertise, avec des personnes dont l’autorité est reconnue pour éclairer une situation. C’était le cas beaucoup pendant la crise sanitaire. On est très vigilants sur le choix des experts à qui on donne la parole [9].»
[9] Non, mais mieux vaut être sourd que d'entendre ça. France Info tend sa perche à peu près exclusivement à des PU-PH (Professeurs des Universités – Praticiens hospitaliers) qui ont des conflits d’intérêts faramineux avec les industriels des produits de santé, des médicaments, mais aussi dispositifs médicaux ou matériel médical. Voici un échantillon non exhaustif tiré de mes chroniques covid :
08/09/2020 Chronique N° 24 (ici), justement consacrée à l’indépendance de l’expertise et aux conflits d’intérêts de la plupart des experts… Au passage un sujet jamais abordé par France Info. D’ailleurs, mais faut-il le rappeler, la loi impose lorsqu’un expert s’exprime, notamment dans les médias, sur un sujet pour lequel il a des liens d’intérêts, qu’il les déclare. La loi n’est jamais respectée et je n’ai jamais entendu sur France Info le moindre expert déclarer ses liens. Parmi les membres du Conseil scientifique : Pr Yazdan Yazdanpanah, réanimateur, hôpital Bichat, 67.524 € déclarés par les firmes dans la base publique transparence santé ; Pr Bruno Lina, virologue, Lyon, 22.739 € ; Pr Denis Malvy, infectiologue, Bordeaux, 7.500 € ; Pr Pierre-Louis Druais, médecin généraliste, Le Port-Marly, 2.196 € ; Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, 165 €, mais un très lourd passif à la fin des années 90 et au début des années 2000 (médicaments anti-VIH), puis dans les années 2010 (antiviraux à action directe dans l’hépatite C chronique)… ; Arnaud Fontanet, épidémiologiste modélisateur de l’Institut Pasteur, 0 €, mais son employeur a 9.398.735 € de montants déclarés sur Transparence Santé ; Pr Florence Ader, Infectiologue à l’hôpital de la Croix-Rousse, Hospices civils de Lyon, dans le giron du Conseil scientifique et responsable de l’essai clinique controversé « Discovery », 9.389 €. Dans la même chronique, une brochette de 5 leaders d’opinion, habitués des plateaux TV et des studios de radios, Pr Karine Lacombe, hôpital Saint Antoine, Paris, 183.101 € ; Pr Éric Caumes, infectiologue, La Pitié-Salpétrière, Paris, 6.403 €, dont un fabricant de masques… ; Jean-François Timsit, réanimateur, Bichat, Paris, 112.281 € ; Pr Bruno Mégarbane, réanimateur, hôpital Lariboisière, Paris, 20.604 € ; Pr François-Xavier Lescure, réanimateur, Bichat, Paris, 21.546 €. Les 5 derniers PU-PH totalisaient alors 344.435 € dans Transparence Santé, sans compter les 491 conventions (contrats avec contreparties signés avec les industriels) sans montants déclarés (82,4% des conventions signées), c’est dire qu’il n’y a aucun contrôle et aucune sanction de l’État, pourtant la loi l’oblige… Le Pr Robert Cohen, Pédiatre au CHI Créteil, habitué de France Info, 111.967 €
14/09/2020 Chronique N°25 (ici) portant également sur la problématique des conflits d’intérêts et de la crédibilité ou pas des experts… Pr Didier Raoult, directeur IHU Marseille, infectiologue, 0 € (on peut le critiquer, mais pas sur ce plan-là où il est exemplaire ! C’est comme pour moi, vous pouvez chercher sur Transparence, vous ne trouverez rien… c’est ça l’indépendance et ma chronique, je l’écris bénévolement)
16/09/2020 Chronique N°26 (ici) Pr Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l’hôpital St-Louis, Paris, invitée des 4V (France 2, média global public), 3.543 €
18/09/2020 Chronique N°27 (ici) Dr Benjamin Clouzeau, Réanimateur, CHU Bordeaux, 8.222 €
24/09/2020 Chronique N°28 (ici) Une brochette de 12 député(e)s professionnels de santé (médecins, pharmaciens, infirmières…) appelant à la vaccination contre la grippe, et totalisant 22.880 € dans transparence santé, dont 18.635 € pour la seule députée rhumatologue orléanaise Stéphanie Rist-Bouillon
21/10/2020 Chronique N°32 (ici) Pr Gilles Pialoux, infectiologue, hôpital Tenon, Paris, 104.764 €, sans compter 82 conventions sans montants, sur 121 signées avec les firmes (67,8%)
27/10/2020 Chronique N°34 (ici) La Ligue contre le Cancer a déclaré un montant de 226.395 € dans la base Transparence
27/11/2020 Chronique N°40 (ici) Nous apprenons que sur 15 médecins membres de la Commission technique des vaccinations (CTV), à la HAS, 9 ont des conflits d’intérêts avec les firmes pharmaceutiques (montants d’avantages perçus, de conventions signées et rémunérations) et que l’institut Pasteur a reçu plus de 9 millions d’euros de donations en provenance des firmes pharmaceutiques et de fabricants de matériel médical
La plupart de ces expert(e)s sont passés sur France Info, et certains à de multiples reprises. Je m’arrête-là, mais mes chroniques covid épinglent régulièrement ces PU-PH plus présents sur les plateaux TV et dans les studios des radios, que dans leurs services cliniques…
Sibyle Veil, continue dans sa lancée (se caler à 2:50 du fichier audio : ici) « On essaie vraiment de donner la diversité des opinions sur un sujet donné. Donc, on est très vigilants au pluralisme [10]. Et tout ceci, nous différencie bien évidemment des chaînes d’opinion, puisque nous sommes avant tout un média d’information ».
[10] Au secours ! Une foison de contre-exemples : Efficacité des masques chirurgicaux, FFP2, en tissus ; efficacité du confinement strict, des fermetures (restaurants, bars, cinémas, salles de sport, écoles…), efficacité des jauges (centre commerciaux, stades, concerts…) ; efficacité des couvre-feux ; utilité / pertinence du télétravail, de l’obligation vaccinale pour les soignants, de la vaccination des 12-15 ans, d’une 3ème dose chez les plus de 65 ans ; caractère discriminatoire du passe sanitaire… Effectivement, je ne me souviens pas avoir assisté sur France Info à une seule interview, un seul débat scientifique sur ces sujets importants. Je n’ai entendu que des experts corrompus qui ont défilé à l’antenne pour soutenir les décisions et les communications gouvernementales…
Célyne Baÿt-Darcourt (se positionner à 3:04 du fichier audio : ici) « Alors, vous l’avez dit, média de confiance. D’accord. Cette plateforme, France Info, qui cartonne. Qui est la première plateforme d’actualités, la plus consultée. On ne peut pas en dire autant sur la chaîne de télé, France Info, sur le canal 27, qui est bonne dernière en audience. 0,7% de part d’audience, quand BFM est à 2,9(%). Est-ce qu’on peut se contenter de cette place-là ? »
Sibyle Veil « Ce qui est le plus important, c’est ce qu’on apporte chaque jour aux Français. Et, sur nos chaînes, on préfère se différencier par la qualité de l’information qu’on apporte, qui continue de créer cette relation de confiance. Sur aucun des canaux de France Info, on ne cherche à faire le buzz, à courir après la polémique [11]… »
[11] Donc, le président de la République et son gouvernement, qui gèrent la crise sanitaire comme un droit régalien, peuvent dire ce qu’ils veulent. France Info n’ira surtout pas les contredire. Donc, le pluralisme, la diversité des opinions, vantés par la PDG de radio France, sont foulés aux pieds par France Info qui s’interdit toute controverse. Fermez le ban ! Il s’agit bien d’une radio d’État. Pas étonnant que l’on n'ait qu’un seul son de cloche, notamment quand on nous a mis sous cloche. Y-a-t-il eu un seul épidémiologiste, infectiologue, virologue, immunologiste…, pour dire au micro de France Info « Non, Monsieur le Président, confiner la population est une mesure dont l’efficacité pour réduire les contaminations, les hospitalisations, les formes sévères, les décès lors d’infections respiratoires aiguës dûes à des virus n’a jamais été prouvée » ? Non, il n’y en a pas eu ! Sibyle Veille au grain. Je reconnais que le jeu de mots était facile… Le télétravail a été brandi comme la solution miracle pour réduire la propagation du virus dans les entreprises, les usines, et sur tous les lieux de travail. Y-a-t-il-eu un seul expert pour parler de l’unique étude jamais réalisée qui démontrait que le renvoi chez lui du salarié dont l’un des membres de la famille était infecté, avec maintien de son salaire, s’il réduisait de 20% la contamination sur le lieu de travail, multipliait, dans le même temps, par plus de deux les cas dans les foyers ? (Chronique N°57 du 13/04/2021 : ici). L’analyse de cette étude japonaise de qualité figurait pourtant dans la quatrième actualisation de l’une des revues méthodiques avec méta-analyses de la Collaboration Cochrane publiée le 20 novembre 2020. Dans la même revue méthodique, intitulée « Physical interventions to interrupt or reduce the spread of respiratory viruses » (en français dans le texte « Interventions physiques pour interrompre ou réduire la propagation des virus respiratoires »), ces experts médicaux internationaux et indépendants des firmes de la santé publiaient les résultats de la méta-analyse des neuf études cliniques randomisées, dont huit réalisées en grappes (clusters), qu’ils ont pu sélectionner pour la robustesse de leur méthodologie, et qui concluent à l’inefficacité des masques chirurgicaux ou FFP2 pour réduire des contaminations par virus respiratoires ! (Voir par exemple, ma chronique N°70 du 18/09/2021 : ici) Pas un expert français n’a été interviewé par France Info sur cette revue méthodique avec méta-analyse. Une radio qui n’a cessé en toute occasion de rappeler à ses auditeurs l’importance de porter le masque. Si ça ce n’est pas de la désinformation active, si ça ce n’est pas une information non vérifiée, si ce ne sont pas des « fake-news », alors je veux bien me faire moine…