Nous y avons effectivement pensé, mais nous n’avions aucune donnée humaine à l’époque. En 2017, les CDC ont commencé leur étude chez les travailleurs de la santé en RDC avec notre vaccin. Nous étions impliqués dans les préparatifs de cette étude depuis 2015 et étions bien conscients de la situation en Afrique. Notre vaccin a été utilisé dans plusieurs cas chez les voyageurs nigérians depuis 2018.
La composition de Jynneos, Imvanex et Imvamune est-elle exactement identique dans les trois cas ? Nous avons lu que le délai d’utilisation après décongélation n’est pas le même pour Jynneos et pour Imvanex (12 heures pour Jynneos et 8 semaines pour Imvanex).
Je peux confirmer que la composition de Jynneos, Imvanex et Imvamune est exactement la même.
Les différences dans les conditions de stabilité approuvées sont dues soit à des besoins/intérêts différents du marché, soit à des exigences différentes des agences.
Pourquoi le Jynneos a-t-il été approuvé si tard aux États-Unis alors que ce sont les États-Unis qui ont financé le développement du vaccin Imvanex au début des années 2000 ?
Il s’agit d’une question purement réglementaire. Lors de nos discussions avec la FDA sur la voie à suivre pour l’homologation, nous avions convenu que l’approbation américaine serait basée sur une étude de non-infériorité. (Précisions Nexus : c’est-à-dire que ce vaccin non répliqué devrait, pour être approuvé, se montrer non moins efficace que le précédent (et pas moins non plus) mais éventuellement plus sûr ou plus facile d’utilisation ou de conservation, en comparaison directe avec un vaccin antivariolique répliqué.)
Cette étude a été réalisée après les approbations UE/CAN, et le dossier réglementaire pour la FDA a été rédigé et soumis après l’achèvement de cette étude (Pittman et al. 2019, doi : 10.1056/NEJMoa1817307). Nous avions également un EUA (autorisation d’utilisation d’urgence) depuis de nombreuses années auparavant.
Des études sont-elles actuellement menées pour mesurer l’efficacité du vaccin Jynneos/Imvanex/Imvamune ? Si oui, pouvez-vous me fournir un lien vers cette ou ces études ?
Les deux études dont nous avons actuellement connaissance sont l’étude des CDC sur les travailleurs de la santé en RDC et l’étude sérologique britannique sur les personnes vaccinées dans le cadre des vaccinations en anneau depuis 2018. Voir clinicaltrials.gov, sous les numéros suivants : NCT03745131 et NCT02977715.
Actuellement, de nombreuses agences de santé publique mettent en place des programmes de vaccination locaux. BN est en contact avec eux pour déterminer si et comment des études observationnelles de l’efficacité en situation réelle peuvent être mises en œuvre dans ce contexte.
À ce jour, aucun protocole définitif n’est encore disponible.
(Précisions Nexus : après avoir contacté l’un de ses directeurs de recherche, nous avons appris que l’étude n’a été réalisée que sur 120 personnes qui ont reçu une seule dose et qu’elle n’a pas encore de conclusion. La date de fin en 2019 indiquée sur l’étude est fausse et n’a pas été mise à jour : elle est censée se terminer en 2024 et est en attente d’autorisation pour poursuivre le protocole. Aucune donnée n’est à ce jour disponible concernant la première dose. Les essais ne sont donc pas terminés.
Les essais de la seconde étude portant sur 1 600 travailleurs de santé sont censés se terminer en août 2022 et ne sont pas encore finis. Le seul chercheur dont nous avons trouvé les coordonnées et que nous avons contacté ne nous a pas répondu.)
Est-ce que l’Imvanex ou l’Imvamune avaient déjà été vendus aux États-Unis avant que Jynneos ait été approuvé ? Si oui, quand était-ce la première fois ?
Oui, IMVAMUNE avait ét enregistré (pas entièrement approuvé) sous pré-EUA (autorisation d’utilisation d’urgence) aux États-Unis, et faisait partie du stock national stratégique depuis… ?
(Commentaire Nexus : Ce document de Fiercepharma contient l’information que Bavarian Nordic n’a pas pu nous donner : l’année 2007. D’après ce document, le contrat initial pour acheter Imvanex remonte à cette année-là.)
👉 Lire notre article du 2 juin 2022 :
Au moment de la création d’Imvanex, avez-vous des études sur les êtres humains pour évaluer la sécurité du vaccin, ou uniquement sur les animaux ? Liens vers cette ou ces études ?
En ce qui concerne la question des données sur la sécurité humaine, oui, nous l’avons fait. Au total, jusqu’à présent, nous avons réalisé 23 essais complets avec plus de 9 000 sujets dosés. Si l’on inclut les essais en cours, on arrive à environ 10 500 sujets dosés. Cela est mentionné par exemple dans l’étiquette FDA de Jynneos. L’essai de sécurité le plus important est publié : Overton 2018.
Voici l’article d’Overton 2018, portant sur 3 003 sujets de la base de données de sécurité.
Et voici l’article de Volkmann de 2021, qui résume l’expérience en matière de sécurité avec la MVA-BN ainsi que l’expérience vectorielle basée sur la MVA-BN.
◆ Traduction abrégée de ce qui nous a été dit
Si on faisait un résumé de ce qui nous a été dit, cela donnerait ceci : une étude de 1988, qui n’était pas une étude d’efficacité et qui a été réalisée à partir d’un vaccin d’une autre génération (réplicatif) que l’Imvanex (non réplicatif) qui n’existait même pas à l’époque, sert de référence aux médias du monde entier et aux institutions pour affirmer que l’Imvanex est efficace à 85 % pour prévenir la variole du singe, alors même que le clade de virus étudié à l’époque n’était pas le même que celui qui circule aujourd’hui.
Une seule étude d’efficacité a été réalisée et finalisée… sur des animaux !
Il n’existe pas de vaccin spécifique contre la variole du singe, mais le vaccin Jynneos aux États-Unis (aussi appelé Imvamune au Canada et Imvanex en Europe) initialement créé pour lutter contre la variole est aujourd’hui recommandé contre la variole du singe.
C’est une utilisation qui a été ajoutée dans l’autorisation de mise sur le marché américaine de Jynneos en 2019, de l’Imvamune au Canada en 2020 et de l’Imvanex en Europe en juillet 2022.
Un même vaccin peut avoir plusieurs noms, et avoir des autorisations de mise sur le marché à des dates différentes selon le lieu géographique.
On adapte certaines données concernant l’utilisation d’un vaccin en fonction des attentes du marché et des agences nationales, et un même produit peut avoir plusieurs notices.
Ce vaccin antivariolique a été acheté il y a plus de vingt ans à hauteur de plusieurs millions de doses aux États-Unis et n’a obtenu son approbation dans ce pays qu’en 2019. Au passage, précisons que Fauci et les NIH ont financé les recherches.
Toutes les données sur la sécurité humaine ne sont pas publiées et, quand on le regarde d’un peu plus près, on se rend compte que le résumé qui nous a été communiqué à ce sujet a été rédigé notamment par des employés du laboratoire même…
Nous n’avons pas obtenu toutes les réponses à nos questions.
◆ Des questions qui subsistent
Ces réponses ont soulevé de multiples autres questions que nous avons posées à Bavarian Nordic, qui ne nous répond plus depuis quelques semaines, peut-être lassé par notre exigeante et insatiable demande de précisions.
Est-ce que l’Imvanex est efficace contre tous les types de clades de la variole du singe ?
Affirmer qu’un vaccin de troisième génération non réplicatif comme l’Imvanex est aussi efficace qu’un vaccin plus ancien de type réplicatif est-il seulement une supposition ?
Y a-t-il eu des études de sécurité réalisées avant l’Overton 2018, puisque les autorisations de mise sur le marché ont été accordées avant cette date à l’Imvanex et l’Imvamune ?
S’il y a eu achat de plusieurs millions de doses par le gouvernement américain de l’Imvamune en 2007, des études sur la sécurité avaient dû être effectuées à ce moment-là. Lesquelles ?
Aujourd’hui, peut-on affirmer qu’il y a moins de risques à avoir un effet secondaire suite à la vaccination avec l’Imvanex que d’attraper la variole du singe et avoir des conséquences graves suite à la maladie ? À partir de quelles données scientifiques peut-on répondre à cette question ?
La vaccination mondiale a commencé, et il n’y a pourtant aucune étude à grande échelle pour surveiller les effets secondaires et évaluer l’efficacité du vaccin Jynneos/Imvanex sur les humains. Les personnes vaccinées n’en sont pas automatiquement informées. Peut-on donc parler de vaccination expérimentale à l’heure actuelle, administrée sans le consentement éclairé des personnes vaccinées ? Les personnes injectées vont-elles être suivies comme dans le cadre d’une étude officielle ? Si la réponse est non, comment pourrait-on qualifier ces injections dans ces conditions ?