La Bataille de Muret d'après une enluminure du XIVe siècle (Grandes Chroniques de France, BNF, Ms français 2813, fol. 252v.)
Lettres patentes du roi Philippe III :
Paris, août 1279
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Il s'est élevé une contestation entre Gilles Camelin, chanoine de Meaux, procureur du roi, et un grand nombre de citoyens de Toulouse dont les biens étaient ou pouvaient être tombés en commise à raison de la pénitence à eux infligée par le feu cardinal Romain de Saint-Ange, légat du siège apostolique, ou pour cause d'hérésie, d'homicide, de vol, de faux ou de tout autre crime; la cause étant portée par-devant Me Guillaume, abbé de Belleperche, Pierre, doyen de Saint-Martia de Tours, et Jean de Puiseux (Puteolis), chanoine de Chartres, commissaires du roi pour la reconstitution du domaine dans les sénéchaussées de Toulouse et d'Agen. les intéressés se sont entièrement soumis à la volonté du prince. Le roi, voulant user de miséricorde à leur égard, consent à faire abandon de tous ses droits aux impétrants et confirme la possession de leurs biens et héritages en se réservant simplement les redevances dont ces biens peuvent être grevés, à condition que les faits qui ont entraîné ou pu entraîner la commise soient antérieurs à la mort du comte Alphonse de Poitiers, et à la réunion du comté de Toulouse, et à la commission de Me Foulques de Laon et de feu Thomas de Paris et des autres réformateurs du domaine. Les impétrants ne pourront être inquiétés a raison de la constitution Cupientes, ni des procédures dont ils auraient été l'objet pour la même cause. Le roi confirme, en outre, toutes les concessions, ventes ou aliénations qui ont pu être faites aux mêmes personnes par les feux comtes de Toulouse, sénéchaux, viguiers ou autres officiers. Les maisons des impétrants qui se trouveraient sous le coup d'une sentence de démolition en seront déchargées et celles qui ont été déjà ruinées pourront être rebâties.
Le roi excepte de cette faveur les maisons condamnées depuis vingt ans. Les citoyens de Toulouse qui ont reçu cette grâce pour eux et pour leurs concitoyens absents sont : maître Jean Domimci, jurisconsulte, Aimery de Castelnau, Martin de Capdenier, Guillaume Hugues de Saint-Loup et Hélie Arnaud de Villenmr, Raymond de Roaix, fils de feu Guillaume, Bernard Barrau, Guillaume de la Tour, Raymond Molin, Hugues de Roaix et son frère Raymond, Étienne d'Escalquens, Guillaume de La Tour, jurisconsulte, Pierre Feltrerii, monnayeur, Embry, Pons Vital, notaire.
Pour compléter sa libéralité, le roi permet que les fils ou neveux de ces citoyens puissent recueillir leur héritage et en disposer à leur gré; mais si ces biens étaient tombés en commise pour faits accomplis depuis que le roi a pris possession du comté de Toulouse, la confiscation serait maintenue.
Suit une liste de deux cent soixante-seize personnes dont les héritages sont seulement confirmés. Parmi ces noms, il s'en rencontre un grand nombre appartenant à des familles consulaires de Toulouse; deux Atadil : Raymond Guillaume, Raymond Baranhon, Arnaud Barrau et se femme Dias, Vital Bozom, Arnaud de Boscméjà; trois Caraborda et leurs femmes; deux Capdenier : Martin et Raymond, Guillaume Pierre de Casaux; deux Castelnau : Aymeri, l'ancien, son fils et leurs femmes, Jean et Raymond Centulle, Lombarde, veuve de Raymond Aymeri de Cossas ; trois Curtasola : Bernard, Jean et Etienne, leurs soeurs et leurs femmes ; Bertrand d'Escalquens; six Gameville : Ulric, Sicard; Pons et sa femme Tiburge; Blanche et Faïs; Raymond Gamis; Pierre Garcias ; sept Maurand : le vieux, Bertrand, Ulric, surnommé Pedas, Bomacip, Mabilia, femme de Maurand de Valsegure ; Jeanne Maurande, sour des Curtasola ; Maurande, veuve d'Arnaud de Branlalon; Arnaud Moly ; Raymond Adhémar de Montoussin; trois Mons : Arnaud, Bertrand et Bérengère, femme d'Assalit; Arnaud de Mourville ; Hugues de Muret sa femme Olive ; Me Pierre Guillaume de l'Ort ; Jean Pagèze, les deux frères Pierre et Raymond du Pont; Bertrand du Prat et son fils Etienne ; Pierre de Quint ; huit Roaix : Alaman et sa femme Jeanne ; Arnaud Bertrand et sa femme Pétronille; Pierre, Étienne, Ayceline; Arnaud et Raymond Roger; Bernard de Roqueville; Arnaud de Saint-Félix; Pons et Raymond de Seilh; Pélegry, Bernard et Raymond Signarii; quatre La Tour : Adhémar, Bernard son frère et sa femme Jeanne; Bertrand, Gasc et Guillaume; Guillaume Pierre, Pons et Raymond de Ulmo ; Aymeri de Vendines ; Arnaud de Trageto; trois Villeneuve : Raymond, Jourdain, son fils Arnaud et leurs femmes Raymonde et Magna; Pierre de Vindemiis; Raymond et Guillaume Ysarn.
Beaucoup d'autres personnages portent des noms de lieux, soit comme titres féodaux, soit comme simple désignation d'origine : Pierre d'Albigeois ; Magna, femme de Pierre Guillaume de Ardinhano ; Austrega de Baziège; Pons et Raymond d'Armagnac: Pons d'Arzens ; Bernard et Sans de Borrigiis ; Arnaud de Boville ; Arnaud de Braqueville ; Guillaume de Cavaldos ; Guillaume de Cuing : Étienne d'Espagne et sa femme Anglesia ; Got de Faujaux; Arnaud de Gragnague; Bernard de Lanta ; Bernard de Martres ; Bernard de Massos ; Raymond de Mirepoix ; Arnaud de Montels; Raymond de Moissac; Arnaud, Pons et Raymond Pierre des Plas ; Raymond de Pomarède; Austrega de Razeingues; Vital de Salle; Noëlle la Salvetat; Pierre Raymond et Raymond Guillaume de Samatan; Guillaume Jean de Sauzet; Raymond Arnaud de Seysses; Arnaud Pierre de Saint-Sernin ; deux du Solier : Sybille et Jeanne, femme de Guillaume; Raymond de Transona; Raymond de Villemur. Citons encore : Raymond Gaubert de Auro Guillaume et Jean del Mas; Guillaume del Py; Beaucoup d'autres citoyens portent des noms patronymiques au génitif : Arnaldi, Armenisii, Affusorii, Aurioli, Boerii, Borrelli, Bosqueti, Cassanelli, Clavelli, Dauzeti, Dauri, Dominici, Donati, Durandi, Embrini, Fabri, Gayrardi, Guidonis, Golmarii, Hugonis, Laurencii, Mancipii, Marquesii, Martini, Maurini, Molini, Petrarii, Ramundi, Rogerii, Rosaudi, Saladini, Sicredi, Sobaqui, Soquerii, Toseti, Umberti, Vasconis, Ymberti, Ysarni. Plusieurs noms, sous forme de nominatif masculin, paraissent être des noms de métier déjà transformés en noms patronymiques : Bladerius, Cellarius, Faber, Ferraterius, Garrerius, Lavanderius, Mercaderius, Pelicerius, Regaterius, Sabaterius, Tapisserius. Quelques-uns ont la forme de nominatif féminin : Barta, Calcaterra, Cortada, Massa, Palmata, Ramassa, Unda; d'autres sont des sobriquets : Grillus, Martellus Peregrinus, Pictavinus. Il y a enfin, mais en minorité, quelques personnages qualifiés du nom de leur profession; deux barbiers : Embry Carruga et Guilhem de la Font; deux couteliers: Guilhem et Guilhem Johan ; un forgeron : Raymond de Narbonne ; un fabricant de mors : Guilhem Auriol; un marchand de toile : Bernard Arnaud ; un maître d'école : Raymond Bertrand; un médecin, Raymond Étienne ; un notaire, Arnaud Guilhem ; un pareur de drap, Bernard Gracia ; un peaussier, Arnaud ou Bernard ; deux tailleurs, Pierre de La Tour et Bertrand ; un scribe, Bernard Vital; deux cordonniers, Raymond Aymeri et Pierre; un tisserand, Guillaume. Signalons enfin divers noms de femmes propriétaires : Dominica Assaut, Berniandis, Centulla, Aymengarda Centulla, Esclarmonde, femme de Bernard Tornier ; Frezata, Johanna, Juliana, Petrona, Escuderia, Lominica, Laurentia Pictavina,Laurentia, veuve de Raymond Pelliparii; Mabriana,, Philippa, veuve de Huc Gras; Ramunda, Rixende.
L'original portait les sceaux du duc Robert de Bourgogne, chambellan, de Jean de Brienne], bouteiller et d'Imbert de Beaujeu], connétable. Vidimus délivré par Pierre de Mortemar, lieutenant du juge ordinaire de Toulouse, Guillaume de Moylianis, le jeudi, veille de la Purification 1312. (1er février 1313.)
Fragment très incomplet du sceau de la sénéchaussée de Toulouse, en cire blonde, sur lacs de soie bleue et jaune. Traces d'écusson fleurdelisé entouré de rinceaux avoc quelques lettres de la légende... LLIC : contre- sceau, une grande fleur de lis accostée d'une plus petite dans un cercle à double filet.
Une vidéo qui relate briévement la croisade contre les albigeois et restitue le contexte du document au dessus et de ses liens.
Ensuite vous pourrez voir
ce lien, concernant l'histoire de cette même croisade. Le premier à s'opposer à celle ci est le vicomte de Béziers Trencavel, ainsi que tous ses vassaux. Le foyer de "l'hérésie" se trouvait donc à Fanjeaux.
Et cette autre vidéo :
A lire : - A lire, "Lumières Cathares", un livre de Bertran de La Farge, président de la maison de l'Occitanie à Toulouse